Sefer Minsk Mazowiecki

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Le pogrom de Minsk Mazowiecki
Dans le livre du souvenir de Minsk Mazowiecki, un chapitre est dédié à la description des événement survenus en Mai-Juin 1936 à Minsk Mazowiecki, ville située à l'est de Varsovie
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Zeev Sharon est né en 1948 dans un camp de personnes déplacées à Bad Reichenhall. Juillet 2013, il retourne sur place avec son épouse , muni de photos anciennes pour revisiter le lieu de sa naissance et essayer de retrouver quelques traces de son passé.

Journal  de voyage  à Bad Reichenhall

 

 

Ze’ev Sharon (Kozakowski)

Juillet 2013

 

Introduction

Irith et moi avons pris la direction de l’Allemagne après avoir participé à une marche de quatre jours à Nijmegen, aux Pays-Bas. Nous avons loué un véhicule à Kleve en Allemagne et le dimanche matin nous sommes partis en direction de Bad Reichenhall à une distance de 950 kilomètres. Nous avons dédié deux jours au voyage.

Les but assignés   étaient de visiter la ville de ma naissance, de la voir et de tenter de m’en faire une impression, ainsi que  du camp où j’étais né et des environs, de ressentir l’endroit, et si possible  recevoir de nouvelles informations pour mes recherches.

J’étais équipé d’une tablette Samsung II et d’un Smartphone que j’avais acheté à la veille du voyage. Sur la tablette, j’avais chargé mon album de photos  de famille et de photos prises par d’autres personnes à Bad Reichenhall. J’ai montré les images lors de plusieurs réunions et la tablette m’a bien servi dans ce but. De plus ces deux appareils m’ont servi  de sauvegarde pour l’appareil photo et j’ai pris 200 vues.

 

Dimanche 21 juillet 2013

Le matin, nous avons quitté la maison de Joop à Nijmegen et avons pris la route pour l’Allemagne en passant par Venlo. Vers 7h du soir, nous nous sommes arrêtes à l’auberge Lamm à Weinstadt (prix : 80€), une jolie ville. Nous avons pris une douche et avons diné : des shnitzel  à la sauce aux câpres. J’ai pris une bière et Irith un vin local. Nous avons partagé le gâteau du dessert (45€). Nous nous sommes  un peu promenés et avons noté la paisible atmosphère de cette petite ville. Face à l’auberge, dans le jardin de l’église, était érigé un monument dédié aux soldats de la ville morts pendant la 1ère guerre mondiale. Je ne l’ai pas photographié  parce qu’il fait déjà sombre. Nous étions morts de fatigue et sommes partis nous coucher.

 

Lundi 22 juillet

Départ le matin pour Bad Reichenhall. Arrivée à 14h15 au parking des archives municipales pour y retrouver le Dr Johannes Lang, un homme d’une quarantaine d’années, d’apparence sportive. Il m’indique qu’à son avis, il n’y a rien qui pourrait m’intéresser dans les  archives, car il n’y a pas de document sur le camp ni sur les juifs qui y ont vécu. Si des documents existent, ils se trouvent aux archives municipales de Munich.

Il y a de cela un an, il m’avait écrit que s’il y avait des archives  elles se trouveraient aux Etats- Unis ou en Israël du fait que le camp était dirigé par les autorités américaines et par des organisations liées à Israël.

Il m’a dit que je pouvais l’appeler par son prénom, il  m’a montré un album qui m’était connu,  celui de Mickey Mottola, le fils de l’infirmière du camp Genia Mottola. L’album de Johannes me parait être en meilleur état. Il m’a raconté qu’une personne l’avait contacté et demandé s’il était intéressé par l’album. Il lui  avait répondu que oui et l’avait acheté pour 100 €, et il a souri. L’album était relié par une épaisse reliure et les photos étaient collées. Ces photos représentent les personnes en activité dans le camp l’année de la sortie de l’album.

 

 Le Dr Lang m’a raconté tout ce qu’il savait du camp  de personnes  déplacées. Je connaissais déjà  la plupart des informations du fait des recherches que j’avais entreprises depuis quelques années. Il m’a semblé que son intérêt pour le camp était assez récent. Oui, m’avait il dit, il était intéressé par des informations sur le camp  et apprécierait d’avoir les images que je possède. Je lui ai promis de les lui faire parvenir.

Il nous a dit que le camp militaire avait été construit par les nazis en 1934-1935. EN 1946, le camp était devenu un camp de personnes déplacées pour réfugiés juifs.

Il y avait deux camps militaires nazis à cet emplacement. L’un d’entre eux était pour des combattants d’infanterie de montagne(GebirgsjagerBrigade), dont l’emblème était un edelweiss et l’autre camp était un camp d’artillerie. Aujourd’hui les deux camps se sont fondus en un seul, de chasseurs de montagne.

 

Johannes me dit qu’à l’entrée principale du camp, il y avait l’image de deux soldats Nazis et la statue en pierre d’un aigle portant une croix gammée à son pied. Lors de ma visite le jour suivant, j’ai vu l’image de soldats  à la porte principale mais elle semblait différente, je dirais ‘’édulcoré ». La statue à l’aigle existe toujours mais sans la croix gammée.

Johannes m’a montré dans son livre, à la page 800 ; une photographie de la porte du camp. On y voit qu'au portail sont accrochées trois images deZe'ev Jabotinsky.  Peut être  qu’un évènement lié au parti révisionniste s’y est déroulé au moment où cette photo a été prise.

 

Dans l’album photo de Mottola, on trouve une image claire de la porte du camp un jour d’hiver enneigé. La statue de l’aigle ne porte pas de croix gammée. Un grand panneau est accroché en hauteur et porte le mot tikva (espoir en hébreu) en lettre hébraïques.

 

Johannes me dit qu’il y avait un hôpital dans le camp. Non il ne connaissait pas son emplacement. Il y a avait aussi la police dans le camp et une école. Je lui ai dit qu’il y avait un certain nombre d’écoles y compris une école de l’ORT. Je lui ai parlé de l’école de cette école de formation professionnelle  à Neustadt où mes parents avaient étudiés. On trouve deux images de la ’’ fachschule’’ (école professionnelle) de l’ORT dans le camp de personnes déplacées  à Bad Reichenhall, dans l’album de Mottola.

Figure 1-Porte du camp  tiré du livre du Dr  Lang
Figure 1-Porte du camp tiré du livre du Dr Lang
Figure 2-Extrait de l'album de Mottola
Figure 2-Extrait de l'album de Mottola
Figure 3-La porte d'entrée aujourd'hui
Figure 3-La porte d'entrée aujourd'hui

Le livre du Dr Johannes Lang

Au cours de la discussion, Johannes a feuilleté son livre. Il  est exhaustif et contient des informations sur le camp de personnes déplacées ainsi que de nombreuses photos.

Le titre du livre est : Geschichte von Bad Reichenhall. Edité en 2009, ISBN 978-3-87707-759-7.

Je me suis procuré un exemplaire de ce livre dans la zone piétonne (58€). Il est fourni,  et contient beaucoup d’informations

Figure 4- Couverture du livre du  Dr Johannes Lang
Figure 4- Couverture du livre du Dr Johannes Lang

Mardi 23 juillet

Visite du camp militaire, anciennement  le camp de personnes déplacées.

Hier, lors de notre réunion, j’ai dit à Johannes que j’aimerais visiter le camp et il m’a arrangé une réunion avec le commandant du camp, un de ses amis. Johannes nous a dit que le lendemain matin, il arrivera à la porte du camp à 9h30 et demanderait au commandant de venir nous chercher. J’étais très content. Après le petit -déjeuner à l’hôtel Erika, nous avons roulé une dizaine de minutes avec notre voiture de location en direction du camp militaire à proximité de la ville, sur la Nonner str, juste de l’autre côté du fleuve.

Nous  avons annoncé notre arrivée à l’accueil du camp. Un jeune soldat, blond et menu nous a amené dans sa Mercedes au commandant du camp. Il nous a introduits dans le bureau du Colonel Stefan L.

Comme nous l’avait indiqué Johannes hier, son titre était :

Stellertretender Brigadekommandeur

Oberstlieutenant : Stefan L.

 

Le nom de la brigade est : 23ème brigade de chasseurs alpins

 

Au moment de la prise de photos, Stefan a dit qu’il était colonel  de brigade. C'est une personne agréable et chaleureuse. On se l’imagine difficilement chasseur de montagne comme on pourrait s’y attendre.

Nous avons discuté dans son bureau. Le colonel nous a parlé d’une délégation israélienne qui avait tenu une cérémonie à la porte du camp et avait apposé  une plaque expliquant la vie dans le camp de personnes déplacées des juifs qui avaient survécu à la Shoah. Quand nous sommes retournés une seconde fois dans son bureau, Il a ouvert un large classeur et l’a feuilleté jusqu’à ce qu’il trouve une correspondance relative à cet évènement. Il dit que son prédécesseur était un homme très organisé en termes de bureaucratie et qu’il avait conservé toutes les correspondances. A mon étonnement, j’ai vu dans le dossier des lettres portant des en-têtes en hébreu provenant de la municipalité de Haïfa.

Il s’est avéré que l’initiative de cet évènement provenait d’artistes de Haïfa et de Bad Reichenhall. Un photographe de Haïfa, Armand Beraru et un artiste de Bad Reichenhall avaient enclenché  le processus. Bracha Sela, secrétaire de la ville de Haïfa était associée   à cet évènement.

 Moshé Pearlman également, un peintre et sculpteur de Haïfa avait été à Bad Reichenhall, et avait participé à l’exposition à l’invitation du maire. Moshé avait vécu à l’âge de deux ans à Bad Reichenhall, avec ses parents, alors en transit de Russie pour Israël.

 

Stefan dit que la cérémonie avait eu lieu il y a 4 ans, et que parmi les participants il y avait des gens d’Israël, le maire de Bad Reichenhall, Johannes Lang, le colonel et d’autres personnes. Il a cherché mais n’a pas trouvé la liste complète des participants qu’il voulait me montrer.  Après notre retour en Israël Armand Bareru m’a dit que 49 juifs avaient participé à la cérémonie, la majorité d’entre eux étant des visiteurs de circonstance à Bad Reichenhall et sans lien avec le camp. C’était le colonel et Johannes qui avaient écrit le texte pour la plaque qui avait été apposée sur le mur extérieur du bâtiment.

 

Traduction de la plaque du mémorial :

En souvenir des milliers de juifs qui ont survécu à l’holocauste

De 1945 à juillet 1951

Dans les baraquements de Bad Reichenhall

Ils y ont trouvé un foyer temporaire

Jusqu’à ce qu’ils puissent émigrer en Israël en hommes libres

Bad Reichenhall,  Gebirgsjager Brigade 23

 

Le colonel nous a dit qu’ils ne cachaient pas ce qui s’était passé ici et qu’ils transmettaient l’histoire du site  aux soldats. Il a expliqué qu’ils insistaient sur le fait qu’il y avait eu un camp de personnes déplacées juives et que cela faisait partie de l’héritage de la brigade.

Il nous a parlé des ‘’rouges’  qui avaient voulu retirer  les images des soldats et la statue à l’aigle de la porte principale. De l’avis du Dr Lang, dit le colonel, cela  n’aurait pas été bon de repeindre en blanc. Il valait mieux laisser la peinture originale telle qu’elle était. Cela rappellerait le passé à tout le monde. L’histoire ne doit pas être cachée.

Il a prononcé un certain nombre de fois le mot tikva (espérance) en hébreu dans un bon accent en rapport avec la porte et la cérémonie. Je lui en ai donné le sens, mais apparemment il le connaissait. Il m’a dit que c’était l’espoir de retourner en terre d’Israël.

Nous sommes descendus à proximité du bâtiment où nous nous trouvions. Là, se trouvait la porte d’entrée qui selon lui était la porte d’entrée du camp  de personnes déplacées. C’était avant  le camp d’artillerie. Un vieux char  que l’on a remorqué s’y trouve en guise de monument.

 

J’ai sorti la tablette et je lui ai montré la photo prise dans les années cinquante. Il  a dit qu’elle avait été prise précisément à l’endroit où nous étions ! Les fenêtres de bâtiments à la droite de l’image étaient le quartier général aujourd’hui, la montagne en arrière-plan est dit-il après avoir inspecté la montagne et la photo exactement  la montagne en face de nous. Sur la photo se trouvaient des bâtiments du côté gauche. Il m’a dit qu’on les avait enlevés et remplacés par un parking. Il a pris  mon appareil photo et m’a photographié au même endroit  où l’image avait était prise à l’époque. Je me suis également fait prendre en photo avec lui.

 

Le colonel nous a donné tout le temps nécessaire sans montrer le moindre signe d'impatience et m'a laissé prendre toutes les photos que je voulais. Malgré qu’il s’agisse d’un camp militaire. Il a donné instruction à son aide de camp de nous emmener où nous voulions, et de prendre les photos que nous voulions. Le soldat a suggéré que je prenne des photos des grandes écuries. Ils utilisent des mules pour porter de l’équipement. J’ai pris des photos, principalement parce que je me suis rappelé que ma mère m'avait dit qu’ils vivaient dans une grande baraque qui était une écurie. Elles sont utilisées pour des parades, pour y déposer du matériel. Il est possible que mes parents aient habité juste à cet endroit, car ma mère m’a expliqué qu’ils avaient vécu  dans un grand espace qui était avant utilisé pour des chevaux.

 

Le 4 août, j’ai envoyé un mail à Johannes pour essayer de comprendre  à quoi ressemblait le camp à cette époque. Il m’a répondu le 5 aout : Au moment où le camp de brigade d’infanterie avait été transformé en camp de personnes déplacées, l’armée américaine en avait assuré la direction pendant plusieurs années.

L’entrée du camp de personnes déplacées était la porte de la brigade d’infanterie, la même porte qu’aujourd’hui, celle décorée d’une image de soldat et d’un aigle de pierre

En fait,  la plaque qui avait été apposée lors de la cérémonie à la porte d’entrée, l’avait été par erreur du fait que le camp d’infanterie n’avait jamais été un camp de personnes déplacées.

Figure 5- Plaque du souvenir
Figure 5- Plaque du souvenir
Figure 6- Vue générale de la porte du camp
Figure 6- Vue générale de la porte du camp
Figure 7- Photo datant des années 50
Figure 7- Photo datant des années 50
Figure 8- Photo de moi au même endroit
Figure 8- Photo de moi au même endroit
Figure 9-Les écuries
Figure 9-Les écuries

Nous sommes retournés avec pleins d’images dans la tête pour nous reposer à l’ombre des arbres dans le jardin de l’hôtel.

A midi nous nous sommes rendus au téléphérique juste en face du camp. Il y a un départ toutes les demi-heures pour   Predigtstuhl, avec  8 minutes de trajet pour atteindre les 1614 mètres.

Au restaurant nous avons commandé deux saucisses avec des pommes de terre et de la choucroute,  du radis noir, de la moutarde et de la bière. Au dessert nous avons pris un strudel aux pommes

 

Nous avons repris le téléphérique. Quand on regarde en bas on croirait voir une carte. On voit très nettement la ville, le fleuve Salzach,  le lac, et le camp militaire.

Figure 10-Photo du plan du camp
Figure 10-Photo du plan du camp

Mercredi 24 Juillet

Nous sommes promenés dans la vieille ville (Alt Stadt), située à proximité des archives municipales, là où nous avions rencontré Johannes le jour d’avant. Nous avons pris un café et un gâteau à la cafétéria de l’entrée. L’ancienne cité était construite très près de la montagne et les ruines de ses remparts sont toujours présentes.

 

De retour en ville, Irith est allée voir  un concert  de musique classique au Kurmusik. On y jouait des  œuvres de Verdi, de Dvorak et d’autres, sous la direction du philharmonique de Bad Reichenhall. Je me suis rendu au Biergarten ou nous avions déjà été la veille. J’ai bu une  bière Zwickl  et pris un shnitzel  avec une salade de pommes de terres servie avec de la confiture, et un autre verre  de  Bière

 

Le cimetière de St Zeno

D’après Johannes, les juifs qui sont morts lors de leur séjour dans le camp sont enterrés dans le cimetière chrétien général adjacent à l’église St Zeno.

Je me suis rendu au cimetière, situé dans l’enceinte de l’église Saint Zeno, à quelques centaines de mètres de notre hôtel, sur la SalzburgStr.

J’ai parcouru le cimetière pendant une heure et n’ai pu trouver la moindre tombe de juifs. Il y avait à peine quelques tombes de la période 1945-1951. La majorité des pierres tombales ne commençaient qu’en 1999. Après avoir terminé mes recherches, il s’est  mis à pleuvoir à verse.

Johannes m’a expliqué que la coutume était d’enterrer une personne pendant 10 ans, et que si on cessait de payer pour la concession, une autre personne pouvait être enterrée à la même place.

Le jour suivant, nous avons rencontré Reinhard Kastner, le directeur de l’office du tourisme à Bayerisch Gmain. Entre autres choses, nous avons discuté du lieu où avaient été enterrés  les juifs morts dans les camps. Il nous a dit qu’ils étaient enterrés à St Zeno. Quand je lui ai parlé des résultats de ma recherche au cimetière, il m’a dit que les tombes avaient probablement été détruites. Il m’a aussi dit qu’après 10 ans, une personne pouvait être enterrée à sa place,  dans la même concession à moins que quelqu’un ne paye les frais.

Reinhard m’a suggéré une autre façon de rechercher les tombes juives, dans le petit cimetière situé à proximité du camp. J’ai pensé que c’était une bonne idée parce que l’emplacement était très proche du camp. Reinhard m’a montré l’emplacement sur la carte. Le cimetière est adjacent à l’église Nonner Kirchel. Cependant il s’y était rendu un mois auparavant et n’avait vu que des tombes d’allemands habitant à proximité.

 

Vendredi, j’ai discuté du même sujet avec Thomas Maltan. Il a aussi dit que les personnes déplacées  avaient été enterrées au cimetière commun de St Zeno. Il a répété l’explication de la période de 10 ans.

 

Le vendredi, je suis  retourné à l’église St Zeno, cette fois ci avec Irith. L’église était située à 400 mètres de notre hôtel. C’est une grande église différente des autres églises que nous avons visité. Il y a un endroit où l’on se prosterne pour la prière face à l’autel. On trouve des peintures d’enfants avec des motifs africains et Jésus. Etrange. On y voit un âne gris monté sur roues. Dans un coin isolé on voit un soldat avec une arme. Une maquette du temple, les dix commandements  et la menora. La maquette est constituée de trois parties avec Jésus du côté gauche si vous mettez une pièce dans la fente, une lumière éclaire du côté gauche. J’ai donné un euro pour l’église et la lumière s’est allumée.

 

Jeudi 25 juillet

Nous nous sommes rendus au lac Königssee. Les parkings étaient pleins à craquer de véhicules. Il faisait assez chaud. On y trouve beaucoup de boutique de souvenirs bavarois, des blocs de sel et d’autres pierres. J’ai pris un café, un gâteau au fromage, pas très gouteux, ni l’un ni l’autre.

Nous sommes descendus au lac. Il est beau, long, étroit et entouré de montagnes boisées. Nous avons fait une croisière en bateau vers st. Bartolomeo (St. Bartholoma), situé à la moitié du lac environ. Un guide portant une chemise blanche nous a donné des explications en allemand et a fait rire les passagers. Il a arrêté le bateau, sorti une trompette et s’est mis à jouer un court morceau. L’écho renvoyait tout le morceau. Il a joué une fois de plus tout en disant aux passagers que c’était son collègue qui lui répondait.

Nous sommes arrivés à la vieille église  dont la construction était particulière. Quelques mois auparavant, Mickey Mottola m’avait envoyé une image de cette église, me demandant d’identifier son emplacement. Le Dr Lang l’a  trouvé. Je me suis pris en photo à côté et je l’ai aussi filmé.

Figure 11- Le lac Königssee
Figure 11- Le lac Königssee
Figure 12-L'église St Bartholomeo
Figure 12-L'église St Bartholomeo

Avec notre Mercedes de location, nous nous sommes rendus à Bayerisch Gmain ou nous nous étions fixés des missions :

·        *  Visiter le cimetière dans l’espoir de trouver des tombes de juifs morts dans le camp de personnes  déplacées de Bad Reichenhall,

·        *     rencontrer Reinhard Kastner, le directeur de l’Office de tourisme

·   * prendre des photos du lieu ou vraisemblablement notre famille avait elle-même pris des photos dans les années cinquante.

 

Je suis rentré à l’office de tourisme, situé sur la grande rue avec mon portable ouvert sur un mail de Reinhard Kastner. Il était là, bien que ce soit presque l’heure de fermeture après 4 heures. Il m 'a immédiatement reconnu à partir du mail que je lui avais envoyé. Il a été très amical, enthousiaste et intéressé. Nous avons beaucoup parlé il a écouté avec intérêt et a partagé ses connaissances. A un moment, il a fermé la porte et nous avons continué notre conversation dans son bureau. Il m’a dit que c’était très intéressant de rencontrer des gens ayant des expériences personnelles liées au camp de personnes déplacées

Reinhard m’a dit qu’à Bayerisch Gmain il y avait une sorte de camp pour enfants, surement un orphelinat pour enfants juifs. C’était un bâtiment qui avait été auparavant un hôtel. Une fois, une femme est venue des Etats-Unis  ou du Canada et a posé des questions à propos de l’endroit dans lequel elle avait été en tant qu’enfant.

 

J’ai montré mes photos de Bad Reichenhall sur la tablette à Reinhard et il a été vraiment intéressé. Je lui ai montré l’image où mon père, ma mère, Alter, Ann, Rachel (nom d’emprunt) et sa mère étaient assis sur une barrière en bois. Reinhard a immédiatement reconnu l’endroit. Il a sorti une carte de l’office de tourisme et m’a dit que c’était à environ un 1.5 km du camp et m’a marqué l’emplacement exact où le photographe se trouvait. Le bâtiment à gauche de la photo est une auberge et existe encore aujourd’hui. Le bâtiment sur la droite existe aussi.

 

L’endroit n’est qu’à quelques centaines de mètres du l’office de tourisme et à environ 1.5 km du camp. Il est probable qu’ils s'y soient rendus à pied. Le photographe se tenait sur la route qui à l’époque n’était pas trop fréquentée. Aujourd’hui, il y a  beaucoup de trafic sur la route, et il pense que je ne pourrais plus prendre de photos. Ensuite nous avons mangé et nous avons pris des photos.

 

Reinhard m’a recommandé d’aller manger près de l’église de Grosgmain, soit en Autriche, à une distance de 500 mètres à l’hôtel Votterl, ce que nous avons fait.

Figure 13-Photo prise  à l’époque
Figure 13-Photo prise à l’époque
Figure 14- Photo aujourd'hui
Figure 14- Photo aujourd'hui
Figure 15- Je tiens la tablette dans la main
Figure 15- Je tiens la tablette dans la main

Vendredi 26 juillet

 

Je me suis rendu à la mairie sur la recommandation de Reinhard à l’état civil. De son côté Irith est allée se promener du côté de la belle rue piétonne de Bad Reichenhall.

Sur la place de la mairie se trouvait un beau marché composé principalement de produits alimentaires : des légumes, des fruits, du fromage, des saucisses du poisson fumé.

 

A l’entrée  du nouveau bâtiment (il ne me paraissait pas nouveau) il y avait un groupe de gens animés et joyeux, vêtus en costume folkloriques bavarois. Surement des gens qui venaient Se déclarer pour un mariage à la mairie. J’ai pris des photos ;

Rez-de-chaussée, salle 2. J’ai vu à l’entrée une plaque portant un nom familier : Maltan Thomas. Il s’agit de la personne avec qui j’avais entretenu une correspondance en rapport à ma visite à Bad Reichenhall il y a 10 ans en 1993. Je me suis présenté en lui expliquant quelles relations nous avions eus. Maltan m’a demandé quand j’étais né. J’ai dit 1948, il a étendu son bras et a sorti un registre épais de l’étagère. Je lui ai dit que j’étais né en novembre. Il a feuilleté les pages et a vite trouvé mon certificat de naissance. Le livre était écrit au stylo à plume. Il a du faire un effort pour lire, parce que les documents  étaient manuscrits, peut-être aussi à cause de la langue : en vieux allemand  et aussi parce qu’il ne lui était pas facile de lire des noms juifs. Pour 10€ j’ai pu obtenir une copie officielle de mon acte de naissance.

C’est ce bureau qui s’occupe de l’enregistrement des mariages et des naissances.

Dans un courrier qu’il m’avait adressé 10 ans auparavant Maltan m’avait écrit que les documents du camp  ne se trouvaient pas  tous aux archives.

 

J’ai demandé le certificat de naissance de Raphael K. Rafi était aussi né dans le camp de Bad Reichenhall en 1948. Ses parents étaient amis des miens dès leur arrivée au camp.

Maltan a cherché dans un autre registre un index alphabétique et a trouvé, pas très facilement le certificat de Raphael K, né un 4 septembre 1948, certificat numéro 413. Il m’a dit que je ne pouvais pas avoir une copie du certificat. Seule la personne elle-même pouvait le demander. Cela pouvait  être fait par mail à l’attention de thomas.maltan@ stadt-bad-reichnhall.de

 

J’ai demandé si je pouvais faire une recherche sur les enfants nés dans le camp. Maltan m ‘a répondu qu’il était nécessaire d’avoir une autorisation spéciale du fait que les détails étaient confidentiels et que les gens étaient encore vivants. Je pouvais cependant avoir la permission pour des recherches qui ne comprenaient pas d’informations personnelles.

La situation était semblable pour les mariages. Il m’a dit que toute personne  mariée au camp de personnes déplacées apparaissait dans les registres de la ville. J’étais persuadé que les mariages n’étaient enregistrés que dans le camp puisqu’il s’agissait vraisemblablement de cérémonies juives.

 

Mon certificat de naissance

 

J’ai été enregistré le 19 novembre 1948. Il semble que l’information a été envoyée de l’hôpital du camp au Standesamt[1]. Intéressant

La date de naissance est le 19 novembre 1948 et l’heure 17.45. Maltan dit qu’il peut y avoir un décalage de 45 minutes si j’ai bien compris.

Sur le certificat, mon nom est Zisko. Le nom de ma mère Ruth Lowenstein. Le certificat stipule qu’il n’y a pas de nom de père ce qui signifie que ma mère n’était pas mariée.

La date de naissance de Ruth 18.01.1927 à Grodno en Pologne.

Lieu de naissance : camp IRO

J’ai un certificat de naissance en similaire, imprimé, qui a été probablement été émis au camp et que ma mère a toujours détenu. Je savais que ma mère était enregistrée sous un faux nom,

Ruth Lowenstein au lieu son vrai nom, Ania Kozakowski. C’est pour cette raison que je suis né sous un faux nom. Nous sommes montés en Israël avec ces noms. Mon père Eliezer portait un autre nom d’emprunt : Shmuel Levental.

J’ai appris l’heure de ma naissance sur le certificat

 

Les certificats de décès, dit Maltan étaient également enregistrés  à la municipalité. Le service qui s’en occupe se trouve dans le vieux bâtiment et la personne en charge est Franz Schmidt. Il est possible de le contacter par mail franz.schmid @ stadt-bad-reichenhall.de

 



[1] Standesamt : état-civil

Figure 17- Cimetière adjacent à St Zeno
Figure 17- Cimetière adjacent à St Zeno
Figure 16-L’église de St Zeno
Figure 16-L’église de St Zeno
Figure 18-Intérieur de l'église
Figure 18-Intérieur de l'église

Nous sommes  ensuite allés au Kurgarten pour prendre un café et un gâteau. Sur scène  un orchestre de jazz de la ville de Lebendorf répétait un concert. A 19.30 précises ils ont commencé à jouer. De jolis airs. Le chanteur par contre était plutôt mauvais. Il jouait beaucoup mieux de son instrument. Nous avons discuté avec un couple qui venait d’une ville à proximité spécifiquement pour écouter l’orchestre. L’homme était intéressé par l’histoire de ma famille. Après le concert, nous sommes allés au Biergarten pour prendre une bière et diner.

 

Samedi 27 juillet

Aujourd'hui nous avons quitté Bad Reichenhall. En chemin, nous avons visité le lac Chiemsee et le château de Louis II. Sur place, j’espérais trouver la statue a côté de laquelle Rachel avait été photographiée à l’âge de trois ans.

 

Nous avons roulé en direction de Prien sur les rives du lac sur 160km. A 13 h nous avons pris un bateau pour  l’ile  d’  Herren Chiemsee.

Nous avons navigué pendant environ 15-25 minutes sur une eau calme. Il faisait extrêmement chaud et nous nous sommes installés sous le toit dans le bateau. La plupart des allemands aiment être assis  et dorer au soleil.

A l’entrée de l’ile il faut acheter un billet de 10€ par personne pour une visite guidée du palais et plusieurs autres musées sur l’ile. Irith a fait le tour en cheval et carriole pour  € 3e. J’ai marché au soleil. A l’entrée du grand palais il y a deux bassins. Au centre de chacun se trouve une grande sculpture et de nombreuses autres sont disposées autour de chaque bassin. Si vous regardez derrière vous, vous voyez le lac

 

 J’ai vu une statue de trois angelots  juste comme la  statue près de laquelle Rachel avait été photographiée alors qu’elle avait trois ans

Je me suis rapproché de trois guides qui attendaient leurs groupes à l’entrée du palais. Je leur ai montré la photo sur ma tablette. Une jeune femme blonde et agréable m’a dit que ces statues étaient des répliques. Les statues originales étaient en Espagne et la photo aurait pu être prise d’ici ou d’ailleurs.

Un autre guide, plus âgé m’a dit que la photo avait été prise exactement à cet emplacement.il m’a dit : Regardez  à l’arrière-plan la statue avec une tête de cheval. Le troisième guide, un jeune homme m’a dit qu’il était le guide anglais de ma visite du palais. Il était intéressé par la photo et l’histoire qui s’y rapportait. Regardez, vous voyez de l’herbe sur la photo alors qu’à présent il y a  un bassin. Le bassin a été construit dans les années 90 et quand la photo a été prise, il y avait de l’herbe autour des statues.

 

Je pensais qu’il était intéressant de savoir comment les gens de Bad Reichenhall venaient ici, au palais de louis II. La distance était de 60 km et ils devaient ensuite prendre un bateau pour se rendre sur l’ile. Et pourtant, ils venaient.

 

Le guide, qui s’appelait  Lukas M. nous a fait une visite du palais très professionnelle. Louis II l’avait construit par admiration pour le roi Louis XIV. Louis II admirait sa personnalité et sa façon de régner, sans règles et d’ordre divin. Apparemment c’est de cette façon que Louis II voulait régner.

Louis II n’a jamais utilisé le palais et en fait, il n’avait même pas l’intention de le finir, seule la coquille extérieure et les pièces luxueuses était copiées du palais de Versailles. Les splendides jardins sont aussi une réplique du château de Versailles. On trouve dans le palais d’énormes chandeliers de cristal. Chaque soir, une équipe de 40 personnes allumait 15000 bougies

La construction du palais a couté aussi cher que les deux autres palais de Louis II, il ne restait plus d’argent pour terminer le travail. J’ai pris en photo la statue où Rachel avait été photographiée sous quelques angles et d’autres statues autour. J’ai fait le tour du bassin pour voir si par hasard la statue où mon père avait été photographié s’y trouvait. Mais elle n’y était pas.

Figure 19- La statue
Figure 19- La statue
Figure 20-Photo prise en 1948 avec Rachel
Figure 20-Photo prise en 1948 avec Rachel
Figure 21-Zeev sur le quai
Figure 21-Zeev sur le quai
Figure 22-Vue générale du Château
Figure 22-Vue générale du Château
Figure 23-Les camarades du kibboutz Yad Samuel
Figure 23-Les camarades du kibboutz Yad Samuel

Jesuis retourné voir Lucas à l’accueil, on m’a dit qu’il était en  pause déjeuner et qu’il ne reviendrait que dans une demi -heure. Puis une femme m’a dit qu’il venait de suite. Il est arrivé la bouche pleine. Je lui ai dit que j’avais été satisfait de ses explications. Je lui ai montré la photo de mon père à côté d’une statue et il a dit qu’il n’y avait pas ici de statue semblable. Je lui ai proposé de lui envoyer la photo de Rachel et il m’a donné son adresse. Je lui ai donné un modeste cadeau : un livre de psaumes, un porte-clés et ma carte de visite.

 

Dimanche 28 juillet

Aujourd’hui nous sommes repartis en Israël de l’aéroport de Munich

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Juillet 2013- Voyage d'un israélien à Bad Reichenhall
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